Quand j’étais encore dans le syndicalisme, nous avions voulu analyser ce dossier en raison des formes et des risques que cette situation de refus de recrutement pouvait créer à long terme pour notre pays.
Bien sûr, je n’adhère pas à plusieurs théories sur le tri dans un secteur qui fonctionne par jurys. Dire aussi que nous ne formons que des littéraires n’est pas juste. Tout entre dans la stratégie à ce niveau. Les régimes qui le veulent peuvent orienter le maximum d’élèves dans les séries scientifiques ou multiplier les lycées scientifiques à vocation multi-sectorielle et même initier des lycées scientifiques jeunes filles.
Bref, notre déplacement à Bouaké pour rencontrer ces docteurs a été anticipé par certains d’entre eux avec l’appui de notre section de l’université de Bouaké.
Mon véhicule étant au garage, ils ont proposé que je vienne par car avec le journaliste chargé de couvrir la rencontre, à leur frais. J’étais dubitatif mais faut-il se ménager pour ces jeunes gens ?
J’ai tout arrêté et je me suis retrouvé à Bouaké. Belle rencontre. Mais à la fin, tous se sont dispersés. Pire notre section de Bouaké était injoignable. Nous voilà au quartier commerce en plein 19 heures avec le journaliste et deux jeunes docteurs. Haï ?
Les deux docteurs nous proposent un massa pour Yakro. Ils nous informe que le transport aurait été déjà réglé. Ont-ils été mandaté pour le faire ? Gênant toutefois de leur poser la question. Pour moi, il fallait sortir de là et vite. Nous les avions remercié. Mais avant de monter à bord du massa, je tâte une de mes proches…et voilà que ma main tombe sur quelque chose comme de l’argent.
Je regarde, il s’agit de 80 000 frs. Comment ça s’est retrouvé là ?.Je n’en revenais pas. En effet, je devais faire des achats au plateau, dans la précipitation pour Bouaké,j’ai dû tout laisser tomber. Mais le Seigneur m’a mis à cœur de reprendre ce même costume.
Et si je les soutiens aujourd’hui encore, c’est parce qu’ils ont été malicieusement piégés par un système éducatif qui n’arrive pas à se réinventer. Pour me dissuader, quelques mois après, je subis une ponction sur mon salaire pour une grêve imaginaire accompagné d’une série de déboires.
J’ai discuté avec un prêtre qui se demandait pourquoi ces jeunes docteurs ne viseraient pas l’auto-emploi. Je lui ai donné ma position qui est que la faute de l’état était qu’on ne forme pas des jeunes de façon aussi pointue pour leur demander, par la suite, d’aller se débrouiller. C’est un défaut de planification. Encore faut-il leur proposer des financements de projets. C’est illogique pour un pays sous-développé. On peut dépendre de tout mais dépendre des idées des autres en l’occurrence du FMI et de la banque mondiale est décevant.
Soyons vigilants quand il s’agit de l’éducation.
Une correspondance particulière de Guy Languy